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Réseaux sociaux et RH : de nouveaux cadres à construire ?

Rédigé par Karim Bouras | 07/05/15 10:06

Bon gré, mal gré, la transformation numérique est en cours à tel point qu'il est aujourd'hui impossible de l'ignorer. Elle touche l'ensemble des secteurs et bouleverse des marchés entiers. Si cette nouvelle donne semble globalement bien intégrée par les dirigeants quand il s'agit de réfléchir au développement commercial de leur entreprise ou à l'optimisation de leurs campagnes marketing, c'est une toute autre histoire quand celle-ci touche au management et à la gestion des ressources humaines.

J'ai été frappé récemment par l'attitude d'un dirigeant qui, après avoir validé les conclusions d'un audit stratégique que nous venions d'effectuer dans sa PME industrielle, a subitement fait machine arrière quand nous lui avons conseillé d'encourager ses collaborateurs à créer et à optimiser un profil LinkedIn. Sa principale crainte : voir la concurrence espionner les relations professionnelles des salariés et en déduire les marchés et projets travaillés par l'entreprise.

Bien sûr, les risques des réseaux sociaux en entreprise existent réellement et la crainte de ce dirigeant est en partie justifiée mais il est déjà trop tard ! Une grande partie des salariés de cette PME n'avaient pas attendu l'accord du patron pour créer leurs profils sur les réseaux sociaux : Facebook, LinkedIn, Viadeo...

Ce type de réaction confirme en réalité l'existence d'un fossé important entre la manière dont les dirigeants appréhendent ces nouvelles problématiques et les attentes des salariés.

Réseaux sociaux et RH : des divergences importantes entre salariés et DRH

En 2012, le dernier baromètre Novamétrie consacré aux stratégies RH et aux réseaux sociaux, montrait que 68 % des salariés des entreprises consultées estiment que les réseaux sociaux sont un outil de fidélisation à l'entreprise. Il ne sont que 25 % des DRH à penser la même chose. Pour eux, les réseaux sociaux sont surtout un moyen de communication interne (80 % des sondés). On retrouve là une approche hiérarchisée et pour tout dire, un peu dépassée. Ainsi seuls 10% des DRH ont atteint une phase de maturité sur ces questions alors que 54 % des salariés estiment que les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans le cadre professionnel.

L'étude souligne également que les entreprises qui ont mis en place une méthodologie d'accompagnement du risque lié aux réseaux sociaux sont encore trop peu nombreuses, alors même que les salariés sont, de fait, des portes-paroles de l'entreprise ou de la collectivité sur ces mêmes réseaux.

La législation sur ces questions est encore émergente et reste Terra Incognita pour 45 % des salariés que l'on peut donc considérer comme livrés à eux même. Seules 8 % des entreprises interrogées par Novamétrie ont mis en oeuvre une charte dédiée aux usages des réseaux sociaux en entreprise.

La réputation : risque numéro 1 !

Parmi les principaux risques liés aux réseaux sociaux en entreprise, les questions liées à la réputation de l'entreprise sont les plus préoccupantes. Les choses ont cependant évolué depuis l'affaire Domino's Pizza et on connait aujourd'hui les mécanismes du bad buzz et les recettes pour le contenir.

D'autres risques non négligeables existent et confirment la nécessité de s'occuper sérieusement de la question : fuite de données sensibles, espionnage industriel, piratage, violation du copyright...

La meilleure des défenses contre ce risque d'atteinte à la réputation en ligne reste la prévention et cela nécessite évidemment de réfléchir à une stratégie à construire en concertation avec son équipe. La charte est un outil intéressant à utiliser si celui-ci est proposé dans une démarche pédagogique et concertée. Dans le cas contraire, elle devient un simple article supplémentaire du règlement intérieur de l'entreprise, et aura donc inévitablement un effet inverse, en particulier auprès de la génération Y...

Des opportunités à saisir

Une bonne approche du problème est aussi de considérer prioritairement les aspects positifs pour l'entreprise et les bénéfices qu'elle pourrait en tirer.

L'approche développée par la société générale à cet effet est très intéressante. La banque a indéniablement su tirer profit de ces outils en déployant une stratégie performante et remarquée et en investissant massivement les réseaux sociaux : Groupe sur LinkedIn, Twitter dédié aux carrières, Page carrières Facebook, Chaine Youtube, l'ensemble étant lié à un site entièrement dédié aux carrières dans l'entreprise.

On le constate une fois de plus, qu'il s'agisse de stratégie marketing ou de management, quand il s'agit de transition numérique, la meilleure façon d'agir reste l'anticipation et l'implication !