Nous avons rencontré dans l'un de nos épisodes podcast Industrial Growth Bruno Bouygues, Président et Directeur Général du groupe GYS. Spécialisée dans les machines et les outils pour le travail du métal, l’entreprise française s’article autour de 3 coeurs de métier :
Mais, comme de nombreuses entreprises en France et dans le monde, le groupe GYS a été contraint de franchir le cap du numérique en procédant à la digitalisation de ses produits.
Étapes, obstacles et résultats : dans cet article, découvrez le parcours du groupe industriel qui a atteint les 130 millions de chiffre d’affaires l’an dernier malgré la crise.
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Depuis quelques années, le secteur industriel fait face à un challenge de taille : celui des évolutions technologiques. Comment intégrer la digitalisation dans son entreprise ?
« Premièrement, il ne faut pas perdre de vue que le secteur industriel a recours à des composants électroniques qui ne cessent de se perfectionner d’année en année » explique Bruno Bouygues. Entre une machine conçue il y a 5 ans et une machine d’aujourd’hui, la densité de code a doublé, la connectivité, le cloud et tous les sujets liés au numérique ont fait leur apparition, nécessitant l’intervention de plusieurs ingénieurs, et, par conséquent, l’agrandissement des départements de programmation des entreprises. Les besoins ont également évolués du côté des clients : désormais, ils exigent une connectivité de plus en plus sophistiquée (traçabilité, SAV, etc.) qui leur permette d’améliorer leur productivité.
Ces changements marquent le début d’une révolution, car si la digitalisation a d’abord touché le secteur de la domotique, elle atteint maintenant - lentement mais sûrement - le secteur industriel.
« Nous sommes à un point de bascule dans le monde industriel », confie Bruno Bouygues.
Un nouveau défi s'impose alors : celui de construire des plateformes logicielles pour interconnecter l’ensemble des machines. Alors quels sont les challenges ? « Bonne question ! » répond Bruno Bouygues, « mais difficile de répondre, car nous sommes aux balbutiements de ces changements et nous ne verrons que d’ici 4 à 5 ans si les choix que nous avons fait sont les bons ».
Depuis quelques années seulement, le secteur industriel voit émerger des startups attirées par le potentiel que représente l’industrie du soudage. Création des systèmes d’exploitation-machine, plateformes de communication front-end / back-end, etc. : toutes les possibilités de logiciel n’attendent que d’être créées !
Suite à la crise sanitaire, une question taraude les entreprises : faut-il se réindustrialiser en France ?
« Pour GYS, le Covid a été une période plutôt positive » explique le PDG. Si les chaînes d’approvisionnement du monde entier étaient à l’arrêt, l’entreprise avait stocké - en amont - des marchandises pour une période de… 2 ans ! Les équipes n’ont donc eu aucune pénurie et ont profité de l’arrêt économique pour continuer leur fabrication pendant 24 mois : une initiative qui a permis à l’entreprise de progresser de 35% entre le début et la fin de la pandémie.
La première leçon a donc été la suivante : il est nécessaire d’avoir des stocks supplémentaires suffisants pour faire face aux éventuelles pénuries / problématiques.
Côté réindustrialisation, la vision du PDG n’a pas beaucoup changé. « Aujourd’hui, les usines 'modernes' ne doivent pas penser à se réindustrialiser en France, mais en Europe ». Selon lui, les méga-usines mondiales (celles qui servent 100% des usines du monde) arrivent progressivement à leurs fins et on verra bientôt apparaître de grands pôles régionaux qui alimenteront les différentes parties du monde (Amérique du Nord, Asie, etc.). Il va donc y avoir une reconfiguration du paradigme industriel, et, si la France est un pays faiblement industrialisé, l’Europe dans sa globalité fera partie de ces nouveaux pôles émergent. Mais c’est une démarche qui prendra « 10 à 20 ans » rassure Bruno Bouygues.
Depuis ces dernières années - et notamment avec la crise pandémique qui a accéléré la transformation numérique - il y a eu une véritable évolution dans la façon d’acheter et de vendre les produits : aujourd’hui, la rapidité et l’accessibilité à l’information sont devenus des critères essentiels pour ne pas perdre ses clients ! « La digitalisation est donc une nécessité pour rester dans la course » confie Bruno Bouygues, « si tu n’as pas un écosystème digital autour de tes produits, le client n’achètera plus chez toi ».
Les clients exigent désormais des informations - sous forme numérique et à jour ! - sur les produits des entreprises. Pour pallier cette contrainte, l’entreprise GYS a décidé d’investir dans un logiciel PIM (Product Information Management). Comment cela fonctionne-t-il ?
En interconnectant son logiciel PIM à celui de son client (via le logiciel DAM), l’entreprise GYS est capable de transférer et de traduire les fiches techniques de ses 4000 références et 100 000 contenus, directement sur le système du client. Aujourd’hui, ces logiciels sont un atout incontournable pour séduire les clients, et il sera compliqué de rester concurrentiel sans y adhérer.
« Il y a deux ans, j’annonçais au directeur d’une grande quincaillerie à Singapour que j’aimerais travailler avec lui. Il a proposé de vendre l’un de mes produits au travers du logiciel BIM, en guise de test. En 48H seulement, il avait tout mon catalogue - traduit dans la langue de son pays - sur son site. Cela nous a permis de signer un contrat, deux semaines plus tard. »
De plus, depuis ces dernières années, les grosses entreprises comme GYS sont confrontées à une demande de plus en plus forte sur la RSE. Aujourd’hui, avec le logiciel PIM, « nous pouvons donner des informations très précises sur la RSE de chaque produit » explique le PDG de l’entreprise, « nous pouvons - par exemple - donner le pourcentage exact de matières recyclées sur un produit ». Une initiative motivante pour les producteurs et les acheteurs ! À partir de l’ensemble des données du PIM, un deuxième projet se mettra en place : celui d’installer des algorithmes d’intelligence artificielle pour améliorer les requêtes/suggestions des clients et créer un site internet plus performant. « J’encourage tout le monde à utiliser ce logiciel », conclut Bruno Bouygues.
À retenir…
Le Covid a grandement accéléré la digitalisation : aujourd’hui, délivrer rapidement des produits ou du flux numérique est indispensable pour rester dans la course. Pour parvenir à une transition numérique réussie, Bruno Bouygues livre quelques avertissements :
1. L’aventure digitale est longue et coûteuse : 2 ans pour GYS avec la mise en place d’une équipe dédiée au sujet.
2. Les entreprises doivent impérativement débuter leur aventure avec les logiciels PIM et DAM au risque de perdre leur avantage concurrentiel.
3. Aujourd’hui, il est possible de traduire instantanément des produits/catalogues en utilisant des outils de traduction automatique : il faut en profiter.
4. Oui, ces conseils permettent de vendre plus : mais pas mieux ! « You have it, you continue to play, you don’t have it, you don’t play anymore », conclut Bruno Bouygues en souriant.